25 mars 2020

DIV : La méthode scientifique n’est pas un enfermement méthodologique.

Pour ceux qui n’auraient pas bien compris quelques chapitres de mon livre sur l’épistémologie et la méthode de recherche (ici), ou pire, qui ne l’auraient pas lu puisqu’il n’est pas en anglais (qu’elle erreur !) : l’éthique n’est pas un absolu, elle s’adapte aux conditions de la recherche !!! Et la méthode n’a souvent que faire des contraintes dogmatiques de certaines publications internationales ou certains critères industriels, les seuls que connaissent les armées de jeunes scientifiques, médecins et autres pratiquants des instances modernes d’évaluation. C'est de notre faute, nous les avons ainsi formés, et à force de petits renoncements, avons laissé s'installer l'ordre qualiticien de certains grands vecteurs scientifiques angio-saxons repris par un ordre scientifique aujourd’hui tout puissant.
La recherche, c’est d’abord et au-delà des modes un état d’esprit et d’inventivité, avant d’être l’application de protocoles et de normes de qualité, n’en déplaise à certains méthodologiques et quelques-uns de mes amis avec lesquels le débat est rude !
Cas n°1 :
On teste sur une pente herbeuse de montagne le meilleur moyen de décoller.
Condition expérimentale : des sujets comparables (ou choisis selon une distribution balancée) sont dotés de sacs à dos.
On leur demande de courir très vite et de tirer sur la poignée attaché au sac.
Premier bras (A) (les médecins appellent cela comme ça ...), les membres d’un groupe sont dotés en double aveugle d’un sac contenant un parapente.
Second bras (B), idem avec un sac contenant un parachute.
Troisième bras (placébo), idem mais le sac et vide.
Les statisticiens s’en donnent à cœur-joie, et on peut logiquement s’attendre à confirmer l’hypothèse selon laquelle le parapente est tout de même le moyen le plus efficace de résoudre le problème de l’envol.
Cas n°2 :
On reproduit la même expérience, mais en vol à bord d’un avion.
À la sortie, les scientifiques qui ont eu cette idée vont (ou devrait aller) directement en prison.
Et du côté des patients, même si certains se cassent un guindeau à l’atterrissage, il vaut mieux tomber sur le parachute que sur le placébo.
Voilà ce que l'on peut rattacher à l'évidence conjecturale, constituant avec l'observation pour preuve scientifique les deux piliers de toute pratique basée sur l'évidence (par exemple MFF), en perspective d’une pratique rigoureuse, ambitieuse de tout contrôler, en double aveugle, dans l’application contextuel de protocoles codifiés dans l'Evidence Based Medicine (EBM), et cela dans un soucis de quête d’un nouvel absolu scientifique qu’on devrait pourtant tester dans d’autres contextes et d’autres temps. Voilà donc également un argument de débat, aujourd’hui.
Tout cela n’empêche pas de refaire, ensuite, l’expérimentation à plat par terre, à la plage, sur une piste d’aérodrome, par exemple lorsque l’avion a atterri, par temps de vent ou de pluie, etc, en prenant son temps.


Pour le débat, rajouté le 15/4;20
- le lien (ici) vers le blog de Jean-Dominique Michel, pour une critique de l’EBM,
- le lien (ici) vers un critique de l’objectivité scientifique.

3 commentaires:

Vincent Ferrari a dit…

En accord avec Bernard Claverie, je rappellerai ici qu'Herbert Simon a révolutionné la psychologie cognitive en général et la psychologie de l'expertise en particulier avec une expérience (très élégante par ailleurs) conduite auprès de 3 sujets dont l'auteur lui-même. L'idée d'abord, la méthode ensuite.

Vincent Ferrari a dit…

En accord avec Bernard Claverie, je rappellerai ici qu'Herbert Simon a révolutionné la psychologie de l'expertise avec une expérience conduite auprès de 3 participants dont l'auteur lui-même.
La bonne idée prime sur la méthode.

B.C. - ENSC - Bordeaux a dit…

Merci Vincent. No'ublions pas que Piaget a révolutionné les conceptions de l'intelligence, avec des études portant sur ses trois enfants. Pasteur n'aurait jamais pu ni publier ni surtout faire son expérience avec les canons de l'enfermement scientifique actuel.