28 décembre 2009

SHS : Le QI n'est pas tout ...


La pensée rationnelle fait appel à d'autres facultés que l'intelligence mesurée par le QI. C’est ce que mentionne un article du New Scientist du 28 octobre 2009 : "Clever fools : Why a high IQ doesn't mean you're smart".
Il est évident que les personnes ayant un quotient intellectuel (QI) très supérieur à la moyenne selon les tests d'intelligence n'apparaissent pas forcément si intelligentes pour comprendre des situations et prendre des décisions. Pourtant, la sélection repose toujours sur ces tests, comme s’ils étaient incontestables.




Si les tests d'intelligence sont, selon Keith Stanovich de l'Université de Toronto (Canada), adéquats pour mesurer certaines facultés mentales (logique, raisonnement abstrait, capacité d'apprentissage et de mémoire à court terme, etc.), ils ne mesurent pas certaines aptitudes indispensables à la pensée rationnelle. Pourtant ces aptitudes sont indispensables pour décider quotidiennement quels aliments consommer, où investir de l’argent, comment traiter les relations interpersonnelles au travail, en famille ou entre amis. Ils ne disent rien de la capacité d'évaluer l'information de façon critique, de celle de surpasser les biais cognitifs intuitifs et éviter les erreurs.
Selon Jonathan Evans de l'Université de Plymouth, "Le QI ne représente qu'une partie de ce que signifie être intelligent (smart)".

"Un (QI) élevé est comparable à la grandeur pour un joueur de basketball", dit David Perkins de l'Université Harvard (États-Unis). "C'est très important, toutes autres choses étant égales par ailleurs, mais les autres choses ne sont pas égales". 

Contrairement à de nombreuses critiques des tests de QI, Stanovich et d'autres chercheurs dans le domaine de la pensée rationnelle ne cherchent pas à redéfinir l'intelligence, qu'ils sont satisfaits de caractériser comme étant les capacités mesurées par les tests de QI. Ils tentent plutôt de décrire les facultés cognitives qui vont au-delà de l'intelligence et constituent les outils essentiels de la pensée rationnelle. 


L’Homme utilise deux types de pensée différents pour traiter l'information : un système intuitif et spontané et un système délibéré et raisonné. La pensée intuitive sert par exemple dans des situations où une personne a beaucoup d'expérience. Mais elle peut induire en erreur dans certaines situations, par exemple lorsqu'une personne surévalue sa propre perspective égocentrique. La pensée délibérée, d'autre part, intervient dans la résolution de problèmes consciente et peut aider à surpasser les tendances intuitives si ces dernières semblent induire en erreur.

Une limite des tests de QI, selon Daniel Kahneman de l'Université Princeton, est que, bien qu'ils soient efficaces pour évaluer les compétences de pensée délibérative qui impliquent le raisonnement et la mémoire de travail, ils ne peuvent évaluer la propension à utiliser ces compétences lorsque la situation le demande. L'intelligence, dit-il, est une question de puissance du cerveau et la pensée rationnelle est une question de contrôle.

"Certaines personnes qui sont intellectuellement en mesure ne se donnent pas tellement la peine de s'engager dans une pensée analytique et sont portées à se fier à leurs intuitions", explique Evans. D'autres ont davantage tendance à vérifier leurs intuitions et raisonner pour s'assurer que ce qu'elles font est justifié". 


Néanmoins, alors que la psychologie a depuis longtemps dépassé ce problème, en admettant que l'intelligence est bien autre chose que les simples aptitudes mesurées par le QI, on est en droit de s'inquiéter que la question ne soit que découverte par ce magasine anglosaxon.

DIV : Informer n'est pas communiquer - collège de l'ISCC.

"Informer n’est pas communiquer"
avec Dominique Wolton (directeur de recherche au CNRS)
Mardi 12 janvier 2010, 13h30
Maison des Sciences de la communication
20 rue Berbier-du-Mets, 75013 Paris


L’information et la communication sont inséparables de l’histoire de l’émancipation de l’homme. Pendant le XIX siècle et le XX siècle, le problème central fut celui de la construction de la liberté d’information. Le XXI siècle s’ouvre, lui, sur le défi de la communication et de la cohabitation. Plus d’informations diffusées plus rapidement, de manière plus égalitaire, n’ont pas pour autant augmenté la communication et l’intercompréhension. Le défi ? Sortir de l’idéologie technique, du technicisme : rappeler que les progrès de la communication humaine ne sont pas proportionnels aux progrès des techniques. Le progrès technique n’est plus synonyme de progrès de la communication, de même qu’informer ne suffit plus pour communiquer. Il faut aussi valoriser le rôle de tous les intermédiaires, journalistes, universitaires et autres… Ces professions qui contribuent à un minimum d’intercompréhension en facilitant la négociation entre espaces culturels qui s’ignorent.

Le COLLÈGE de l’Institut des sciences de la communication du CNRS a pour ambition de susciter le débat sur le rôle et les pratiques de la communication dans les rapports entre sciences et société. Dans la mutation contemporaine des savoirs, l’information et la communication acquièrent un nouveau statut et placent aujourd’hui les scientifiques au coeur de la société.
Conçu comme un rendez-vous mensuel, le COLLÈGE rassemble scientifiques, journalistes et publics concernés autour de sujets majeurs, véritables enjeux de nos sociétés. Il ouvre les portes de la Maison des sciences de la communication du CNRS pour un dialogue pérenne et constructif entre scientifiques et acteurs sociaux.

Site de l'ISCC : http://www.iscc.cnrs.fr

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