Afin d'étudier l'universalité de la communication orale non verbale – sans le recours au langage – Disa Sauter, Sophie Scott et leur collègues de l'University College of London ont montré que les sons émis pour exprimer une émotion simple sont identiques et donc intelligibles par des Anglais et des membres du peuple Himba, des bantous du nord de la Namibie. Ces derniers vivent dans des campements sommaires et n'ont établi que très peu de contacts avec d'autres groupes, et ne connaissent pas la culture anglaise. Les Anglais étudiés ne connaissaient pas la culture Himba.
Chez les Himbas, les chercheurs ont demandé à chacun des sujets d'écouter des histoires racontées dans leur langue, sur un ton particulier. Dans l'une d'elles, par exemple, une personne exprime sa tristesse après avoir perdu un proche. À la fin de chaque histoire, on faisait écouter aux sujets deux sons émis par des Anglais – des pleurs, un cri, un rire, par exemple – et on leur demandait d'identifier lequel de ces deux sons était représentatif de l'émotion véhiculée à travers l'histoire racontée. L'expérience a été répétée avec les sujets anglais, qui ont écouté des histoires en anglais et des sons émis par les Himbas.
Himbas comme Anglais ont reconnu presque à chaque fois le son correspondant à l'histoire. Notamment les émotions négatives (peur, colère, tristesse, etc.) sont aisément reconnues par tous, ce qui moins systématique pour les émotions positives. Ainsi, les Himbas ont plus de mal à détecter l'expression de la réussite chez les Anglais. Les auteurs de l'étude tentent de l'expliquer en évoquant l'idée que les émotions positives ont une fonction spécifique pour chaque ethnie, notamment pour faciliter la cohésion sociale au sein du groupe. Le rire, ici expression de l'amusement, est cependant identifié par les deux groupes, ce qui semble corroborer l'idée qu'il s'agit d'un sentiment universellement reconnu.
Cette expérience suggère que l'expression des émotions traverse les frontières culturelles.