30 juin 2012

IA - SHS : La mort du minitel

Le Minitel est mort ce soir !
30 juin 2012
Pour Larousse, c'est un "Terminal d'interrogation vidéotex diffusé par l'Administration de La Poste." Il s'agit de l'abréviation de "Médium interactif par numérisation d'information téléphonique", et c'est Bernard Marti qui en fut le père au Centre commun d'études de télévision et télécommunications de Rennes (CCETT). Il y coordonna les travaux à l’origine du Minitel , supervisés par Jean-Paul Maury, alors directeur du projet "Annuaire Électronique et Minitel" de 1979 à 1985 (voir vidéo).
Véritable fait de société, le Minitel a été développé par le Ministère des Postes et Télécommunications  (P&T) et utilisé en France dans les années 1980 et 2000, avant d'être supplanté par l'Internet. Il désigne à la fois le solide appareil en plastique qui équipait chaque possesseur d'une ligne téléphonique, et l'ensemble du service Vidéotex ainsi que le réseau associés.
C'est en 1978 que le président Giscard d'Estaing reçu des mains de Simon Nora et Alain Minc un rapport sur l'informatisation de la société. Celui-ci va être à l'origine d'une véritable révolution technologique, dite "télématique" (association informatique et télécommunications), qui incitait à la connexion de terminaux permettant la visualisation de données informatiques stockées dans des ordinateurs à travers les réseaux de téléphoniques. Le réseau vidéotex utilisant les lignes téléphoniques fut lancé en 1978 et rendu public à l'Intercom 79 de Dallas (Texas-USA), annonçant pompeusement "le déclin de l'ère du papier" (voir "Minitel story").
En service pour l'annuaire éléctronique en accès gratuit (36-11), il a donné naissance au commerce et aux services en ligne (36-12, 36-13, etc.), à la vulgarisation de l'astrologie, à la communication associative et aux forums en ligne, jusqu'aux services de messagerie rose et aux sites de rencontre avec le fameux 36-15 (voir notre post).
Une page d'histoire se tourne...
Voir l'émission de la deuxième chaine française du 21 décembre 1983 (source INA) sur l'annuaire électronique et les services Minitel de l'époque.
Idem JT première chaine du 19 mai 1978 (source INA) sur le rapport Nora-Minc.

DIV : Vieillir un peu moins vite.

Dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 juillet 2012, toutes les horloges devront ajouter une "seconde intercalaire" à "presque deux heures du matin".
Pourquoi "presque", en fait parce que une seconde avant deux heures du matin, il sera exactement deux secondes avant minuit.
Explication : La Terre a pris son temps, et une diminution de sa vitesse de rotation oblige à recaler les horloges. Donc, samedi à exactement 23h59min59s en Temps Universel (nous sommes à TU+2 en France), il faudra attendre deux secondes avant de passer au 00h00min00s TU. La dernière minute aura alors duré 61 secondes!  Les horloges du monde entier devront donc afficher 23h59min59s TU, puis 23h59min60s TU, puis 2h00min00s TU.
Deux questions :
Plus la terre vieillit, moins elle tourne vite, et donc plus son son horloge jour/nuit ralentit. Or nous savons depuis les premiers travaux de chronobiologie, que notre (nos) propre(s) horloge(s) interne(s) se synchronise(nt) sur ce nychthémère. Nous sommes nous-mêmes des éléments constitutifs de la terre ; nous gagnons du temps par rapport à un temps absolu (!) repéré par des horloges atomiques qui, soit dit en passant, doivent donc nous paraitre s'accélérer. Vieillissons nous donc moins vite avec le temps ?
Quelle est donc l'essence de cette seconde en plus (en trop ?). Nous ne vieillissons conventionnement que d'une seconde en deux secondes. Une seconde, ça va, ça passe inaperçu ... Mais imaginons qu'il s'agisse d'une heure, d'un jour, voire de plusieurs comme ce fut le cas en 1582 au passage du calendrier julien au calendrier grégorien, et où le 15 octobre fut immédiatement suivi du 4 octobre.
Peut-on considérer que les gens rajeunissent, alors que leur coeur continue de battre, que leurs rythmes cérébraux poursuivent leurs écoulement, que le sommeil revient régulièrement et que les enfants continuent de grandir ?
Cette expérience met en évidence deux caractéristiques de notre temps biologique : c'est bien le temps social qui découle du temps physiologique, malgré les conventions et les études de l'Observatoire de Paris ; nous sommes dépendants de notre planète, et c'est elle qui rythme notre propre temps. La dernière seconde rajoutée l'a été le 31 décembre 2008, et ce soir, ce sera seulement la 25e fois qu'on rajoute une seconde au temps universel depuis l'instauration de ce système.
La convention ne fait pas l'unanimité, et si aucune fusée ne sera lancée pour cette cause pendant cette période. Certains pays souhaitent l'abolition de cette seconde intercalaire, perturbatrice et source d'erreurs. L'administration américaine de gestion du système de géolocalisation par satellites GPS a déjà fait savoir qu'elle entendait ne se rapporter qu'à l'horloge atomique, sans tenir compte des ajouts irréguliers, en compensant les secondes manquantes ultérieurement par décalage du signal émis et envoyé au sol. Une autre façon de freiner le temps.
 Si vous êtes dehors entre deux heures moins une et deux heures cette nuit, n'oubliez pas de regarder le ciel, et vous le verrez peut-être défiler tout d'un coup deux fois plus vite devant vos yeux ... à moins que ce ne soient eux qui vous jouent des tours !
Communiqué de l'Observatoire de Paris (lien).

27 juin 2012

IA - SHS - BIO : Le dernier numéro de CogniScienceS est en ligne.


Le dernier numéro (n°11) de CogniScienceS, le journal des sciences de la cognition, est accessible en ligne à l'url.

Au sommaire :
  • 1956, La naissance des sciences cognitives, par Audrey Bruneau
  • Les sciences cognitives en France, Une histoire de couverture, par White Rabbit
  • Les conférences Macy, par Marion Labadie
  • Généalogie des sciences de la cognition, N'oubliez pas vos origines, par White Rabbit

Plus d'informations sur CogniScienceS (ici).
Accès aux numéros antérieurs (ici).

24 juin 2012

DIV : Evolution du français.

Le nombre de francophones est celui qui a progressé le plus rapidement (en pourcentage) au monde entre 2007 et 2010 : il a augmenté de 10% passant de 200 à 220 millions de personnes. En 2050, selon les estimations de l'ouvrage de synthèse "La langue française dans le monde", publiée par l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), il y aura 750 millions de francophones, dont 90% seront africains (source).
Selon les Cahiers Quebecois de démographie, la population francophone devrait passer de 3% de la population mondiale en 2000 à plus de 8 % de la population mondiale en 2050. Des prévisions indiquent que la population anglophone (langue maternelle) diminuera proportionnellement par rapport au chiffre de la population mondiale, passant de 9 % en 2000 à moins de 5 % d'ici 2050.
Actuellement (ordre de grandeur) : langues chinoises (plus de 1,2 milliards de locuteurs), langues indiennes - Hindi, Urdu et Bengali (1,2 millions), Espagnol et Portugais (plus de 500 millions), langues anglo-saxonnes (400 millions), langues arabes (300 millions).

DIV : Sur l'origine latine et religieuse de l'ordinateur ...

Du latin ordinator (« celui qui met de l’ordre, ordonnateur »).
C'est la firme IBM qui a introduit en France, vers la fin des années 50, le mot "ordinateur" pour traduire l'anglo-saxon "computer". On utilisait à l'époque la traduction littérale "calculateur", mais ce mot était trop restrictif et ambigu en français.
François Girard, directeur commercial d'IBM France, sollicita Jacques Perret, alors titulaire de la chaire de philosophie latine à la Sorbonne, qui proposa le terme religieux "ordinateur", alors tombé en désuétude et qui signifie étymologiquement “Dieu met de l’ordre dans le monde”.
Cette proposition, datée dans une lettre manuscrite du 16 avril 1955, a été acceptée et le néologisme francophone "ordinateur électronique" est né. Le mot a été protégé quelques mois par IBM France, mais a été rapidement adopté par des experts et les clients, pour tomber dans le domaine public en 1965 et connaitre la fortune qu'on sait.
On constate cependant, avec la passivité et parfois l'activisme des universitaires français, qu'on lui préfère souvent aujourd'hui le terme anglo-saxon, dans un renoncement bien connu des adeptes du tout anglais, dont la suprématie mondiale est pourtant en perte de vitesse manifeste (voir le post suivant).

DIV : A vos calculettes.


Voici le cas d'une division remarquable, celle de 1 par  le carré de 99. Le résultat donne une suite bien curieuse.
1/99x99 = 1/9801 = 0, 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99

IA : Toucher artificiel pour doigt robotique.

Le département d'ingénierie biomédicale (BME) de l’école d'ingénieurs Viterbi de Los Angeles (Université de Californie du Sud) a mis au point un doigt robotique ultrasensible. Cette réalisation, publiée dans le numéro de Frontiers in neurobiotics du 18 juin 2012, repose sur la mise au point d'un capteur, nommés BioTac, fabriqué dans un matériau souple et doux, et possédant ses propres empreintes digitales.
Ce capteur est développé par la start-up SynTouch LLC. Il peut identifier les forces de frottement ainsi que la température des objets en contact sur son enveloppe en silicone. Entre la coque électronique et la peau en silicone, un fluide conducteur électrique joue le rôle d’interface. Un hydrophone permet alors de détecter les vibrations pour identifier les textures et, comme chez l'homme, lorsque les doigts touchent une surface, la peau vibre de façon spécifique. Ces vibrations sont détectées électriquement, permettant une sensibilité périphérique bien supérieure à celle de la main humaine. des capteurs thermiques permettent de mesurer, garce au mouvement du doigt, la conductance thermique du matériau palpé, distinguant ainsi facilement par exemple le métal du bois. Cette intelligence "embarquée" au bout du doigt permet également de repérer des formes, en distinguant des bords, des arêtes, des coins, des surfaces planes et même la courbure des objets.
Les capteurs de pression permettent d'intégrer ce doigt à une main robotique afin de permettre une saisie "sensible".

L'originalité du robot est son intelligence algorithmique "distale", permettant les traitements de reconnaissance et de détection au sein même du capteur. C'est d'ailleurs, d'après les auteurs, l'enjeu de recherche du dispositif : BioTac stocke en mémoire des textures et propriétés d’objets rencontrés auparavant. Confronté à une texture inconnue, le capteur détermine des niveaux de similitude de ce qu’il touche avec les données de son "expérience". L'analyse permet alors de décider quel doit être le mouvement suivant le plus efficace à effectuer afin de déterminer une nouvelle expérience. Ce processus de bouclage sensori-moteur et de comparaison avec la mémoire est répété jusqu’à ce que le robot atteigne un taux de confiance idéal (de 99%). L’expérience montre que le dispositif, entraîné avec plus d'une centaine de textures courantes, n'a besoin que de 5 mouvements exploratoires pour les identifier avec un taux d'erreur inférieur à 5% (ces performances sont bien supérieures à celles de la main humaine).
Plusieurs applications sont envisagées, notamment dans le domaine des prothèses ou dans celui de la détection fine. (voir une vidéo ici ). On peut s'interroger sur la sensation que peut alors avoir un humain équipé de telles substitutions hypersensibles, en confrontant peut-être l'hypothèse de l'hypertactilité, avec le rapide "plus c'est mieux", et en mettant à l'expérimentation celle d'une "limitation utile des performances" pour une harmonisation des afférences et de la multisensorialité humaine. On attend également un test de ce capteur pour la lecture Braille.