Depuis longtemps, les philosophes discutent des différences cognitives et de la connaissance du monde entre voyants et malvoyants. Il suffit de se rapporter aux expériences de pensée de Thomas Nagel (eg.), de Frank Jackson (eg.), etc. et de les théories de l'Umwelt ou des Qualia, pour se convaincre de la complexité du débat.
Rien n'est plus enrichissant que de dépasser l'expérience de pensée pour la vivre, ou pour le moins en vivre un morceau ... C'est ce que permet de faire un serious game à visée pédagogique élaboré pour sensibiliser les familles et le personnel socio-pédagogique et médical au vécu des malvoyants.
Vivre sans voir ou en voyant mal est un état de handicap majeur. Même si beaucoup de personnes porteuses d'un tel déficit le surmontent étrangement avec une aisance presque naturelle, il est évident que de nombreux pans de la vie sociales sont dramatiquement restreints, notamment pour les études, la culture, les relations humaines, l'emploi et le milieu professionnel.
C'est donc afin de sensibiliser chacun aux difficultés quotidiennes des malvoyants que la société Streetlab a développé avec l'Institut de la Vision un programme immersif en 3D, nommé Iris&co, qui fait vivre les situations vécues par les déficients visuels.
Le but est d'abord de sensibiliser les personnes qui accompagnent les mal-voyants, et ambitionne de promouvoir des bonnes pratiques "vécues" et ainsi faciliter le quotidien des personnes concernées.
Par exemple, le vécu perceptif d'une DMLA, d'une rétinopathie pigmentaire, d'une larétinopathie diabétique, d'une maladie de stargardt, ou d'un glaucome congénitale permet au personnel soignant ou environnant de connaître l'expérience spécifique du handicap, et d'envisager par exemple avec le patient d'adapter des parcours en transport en commun, d'aménager un poste de travail ou les méthodes de classement et d'accès aux informations, de gérer des pauses et temps de repos, etc.