L’infection à virus Zika et celle à virus de la Dengue sont des maladies dues à des virus à ARN monocatainaires encapsulés. Ces maladies sont en augmentation explosive dans le monde, avec des épidémies de plus en plus fréquentes et étendues, avec de plus en plus de formes graves. Les latitudes tempérées sont de moins en moins épargnées et la diffusion de ces maladies, dont des conséquences sanitaires sont très significatives, notamment sur le devenir de l’enfant chez la femme enceinte infectée. Un vecteur connu est le moustique Aedes Aegypti, impliqué dans la propagation de l’agent pathogène de ces deux maladies virales, mais également dans ceux du chikungunya ou de la fièvre jaune.
Les autorités de la Floride (USA) on entrepris de s’attaquer au problème en lâchant 750 millions de moustiques génétiquement modifiés sur deux ans dans l’archipel des Keys, au sud de la Floride. Ces moustiques OGM . Ces derniers, uniquement des mâles, sont développés par l’entreprise de biotech américaine basée au Royaume-Uni, Oxitec Ils ne se nourrissent pas de sang et possèdent un gène empêchant la progéniture femelle de survivre au-delà de l’enfance. Ils se reproduiront avec des moustiques femelles sauvages afin que, Progressivement, la population des moustiques toxiques décroisse.
Ce projet n’a pourtant provoqué qu’une bien faible levée des boucliers des écologistes et défenseurs de l’environnement, ainsi que des mouvements anti-OGM et anti-transhumanistes. Les craintes exprimées sont une peur de dommages aux écosystèmes. ou celle d’une mutation incontrôlée avec la création d’une ou plusieurs espèces de moustiques hybrides résistants aux insecticides. Le groupe environnemental Friends of the Earth déclare tout de même que l’environnement sera menacé avec le danger d’une pandémie (voir ici). Au delà des critiques et des récriminations qui ne font que cacher le vrai problème de la modification du vivant : l’homme est aujourd’hui en train de créer par biotechnologies de nouvelles espèces en dehors de toute logique darwinienne ou de sélection d’élevage. Il s’agit d’une frontière nouvellement franchie, celle d’une perspective transhumaniste, en généralisant hors des laboratoires, des fermes et élevages, ou d’essais circonscrits, des expériences génétiques et cela à une région entière, sans aucun contrôle ultérieur possible.
On peut se demander d’ailleurs pourquoi les défenseurs des animaux, si prompts à défendre le canard ou les petits oiseaux, l’ânon, le veau ou le poulain, le chien ou le chat, voire l’ourson en peluche, restent silencieux. On ignore les dangers et souffrances encourus et imposés aux insectes, ceux qui gênent tout le monde : les moustiques, les mouches, les guêpes, les puces, les poux... Comme s’il ne fallait s’occuper que de ce vers quoi on peut adresser des sentiments compassionnels.
Il convient peut-être de dépasser la défense de l’environnement conçu comme entité quasi déifiée, enjeu de pouvoir politique ou d’expression écolo-anthropocentrée, pour développer les logiques de la One Heath, de l’écoépidémiologie et de l’écologie humaine scientifique. En tout état de cause, la question reste posée...
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