16 mai 2014

BIO - TECH : Une neuropuce permet de contrôler une main paralysée.

Le projet BrainGate, un système d'implants neuronaux mis au point par la société Cyberkinetics en 2003, en collaboration avec le département de Neurosciences et celui de biotechnologie de l'Université Brown avait permis à des personnes paralysées de contrôler par la pensée les mouvements de leur fauteuil roulant. Dans cette perspective, une équipe de l'Institut américain Battelle de l'Université de l'Ohio, dirige par Chad Bouton, sont parvenus à créer un système qui transmet directement les pensées d'un patient à des muscles. Ce système, baptisé Neurobridge, contourne la colonne vertébrale de certains patients paralysés pour permettre au cerveau d'interagir directement avec l'avant-bras. Cette technologie permet alors de contrôler l'une des mains directement par la pensée.
Le premier bénéficiaire de cette technologie a reçu une puce cérébrale de 4 mm de large et qui comporte 96 électrodes. Les différentes instructions cérébrales sont transmises sous forme de signaux électriques au cerveau grâce à un câble relié à un ordinateur. Ce dernier transmet les commandes à  huit bandes très fines qui entourent l'avant-bras du patient et qui sont dotées de 20 électrodes chacune. les signaux envoyés permettent de stimuler les fibres musculaires, permettant un mouvement avec une latence inférieure à un dixième de seconde.
On est encore loin de la commande précise, néanmoins les progrès sont en route et on peut s'attendre à des développements et des perfectionnements d'ici les prochains mois.

BIO - TECH : Un implant rétinien français redonne une forme de vue à certains aveugles.

La société française Pixium a développé un implant rétinien électronique baptisé « Iris ». Celui-ci fait l’objet d’une étude clinique internationale dont les premiers résultats sur cinq patients viennent d'être publiés. Ainsi, une femme aveugle depuis 20 ans, a été l'une des premières patientes opérée il y a huit mois. Elle est aujourd'hui capable de percevoir des objets de différentes tailles sur une table et arrive à distinguer le noir et le blanc, alors que ses performances semblent augmenter.
La prothèse rétinienne utilise une caméra fixée sur la monture d'une paire de lunettes. Les images ainsi obtenues sont analysées et transformées par un microprocesseur dans l'implant qui comporte une cinquantaine d'électrodes qui permettent de transmettre au cerveau, via le nerf optique, les signaux électriques correspondant aux images enregistrées. Le cerveau réapprend, après une rééducation de plusieurs mois, à interpréter correctement ces images. 
Cette technologie destinée aux patients devenus complètement aveugles à la suite de pathologies comme la rétinopathie pigmentaire, permet ainsi aux patients de retrouver une certaine forme de vision.
Lien (ici).

15 mai 2014

BIO : Du nouveau dans le vivant - l'enrichissement de l'ADN par de l'artificiel crée le premier être semi-synthétique

Un récent post sur ce blog montrait comment des chercheurs avaient réussi à "fabriquer" de l'ADN synthétique (ici). Les frontières de la recherche hybride, celle qui entend mélanger le naturel et l'artificiel, ne cesse d'évoluer puisque une autre équipe vient non pas de fabriquer un être hybride mais d'inventer un nouvel ADN. De quoi s'agit il ?
Pour rappel, l'ADN est la molécule du vivant construit à partir des quatre bases du code génétique (A, T, C et G)  groupées deux à deux. Et c'est ainsi depuis la nuit des temps de la vie : 4 bases  s'associent en une échelle constituée des barreaux A-T ou T-A et C-G ou G-C, les barreaux étant empilés les uns sur les autres pour former de longs brins qui se replient dans les chromosomes. Toute l'information génétique utile y est codée par les 4 lettres, et une grande part du stock est inutile, ou pour le moins ne sait-on pas encore à quoi elle sert.
Là est la révolution incroyable que viennent de développer des chercheurs de l'équipe de Floyd Romesberg du Scripps Research Institute (La Jolla,  Californie) et la société Synthorx, dans un article publié dans Nature (Malyshev et al., Nature, 7 mai 2014) rapportant des travaux qui ont réussi à créer un organisme semi-synthétique avec un alphabet génétique étendu par d'autres lettres que les 4 définissant le vivant historique. Les chercheurs sont ainsi parvenus à obtenir la reproduction correcte de la bactérie Escherichia coli (E. coli) à laquelle ils ont ajouté de l'ADN contenant deux bases supplémentaires artificielles nommées d5SICS et DNAM (X et Y). La bactérie modifiée a alors entamé des cycles de reproduction et l'ADN semi-synthétique  (A, T, C, G, X, Y) s'est correctement répliqué.

L’utilisation de ces nouveaux organismes dotés d’un ADN synthétique constitue une avancée originale par rapport aux OGM traditionnels. Contrairement à ceux-là, les nouvelles bases ne peuvent entrer dans la cellule qu'à la suite d'un processus technologique d'activation d'une protéine membranaire venue d'une algue, sorte de clef nanobiologique. Sans cette activation, la cellule revient automatiquement aux bases naturelles ATGC, et les bases ajoutées X et Y disparaissent de son génome. Cette sécurité permet ainsi de contrôler la production d’un ADN synthétique viable et d'assurer la sécurité, tout au moins jusqu'à ce qu'un chercheur trouve les moyens de synthétiser par modification génétique la production interne de la clef spécifique nécessaire au maintien de la duplication. Autant de question qui sont abordée dans une nouvelle discipline, la "xenobiologie".

Plusieurs réflexions sont néanmoins engagées.
  1. La première consiste à s'intéresser au fait qu'un organisme est capable d'accueillir sans l'altérer de l'information génétique supplémentaire. Cela montre que d'autres solutions sont possibles. Y en-a-t'il encore d'autres au-delà de X et Y et combien ? Sont-elles limitées ou infinies ?
  2. Ensuite une information non naturelle (artificielle) ou plus exactement extra naturelle telle que celle-ci pose le problème du pourquoi d'une limite à 4 bases différentes dans le vivant. Comment se fait-il que la "machine à créer le vivant" initiale ait sélectionné les 4 bases en question et uniquement celles-ci ?
  3. D'autre part, sachant maintenant que l’ancien modèle de l’ADN à quatre lettres n’est pas la seule façon de créer un organisme, la définition du vivant en est repoussée ? L'être hybride ainsi créé est-il naturel ou artificiel ? S'agit-il d'un animal ou d'un objet autorépliquant ? Avons nous affaire à un organisme à la fois vivant et artificiel ? Est-il plus vivant qu'artificiel, et cette question quantitative a-t-elle même un sens ? Si oui, peut-on dire qu'il est 2/3 vivant pour 1/3 créé et un futur être hybride pourrait-il dans ce cas être à l'inverse plus artificiel que naturel ? 
  4. Dans l'hypothèse d'une telle quantification de l'hybridité, à partir de quand ces être ont-ils des droits tels que ceux récemment déterminés par le Droit des animaux ? Sont-ce des êtres d'une autre espèce ? Et que signifie cette classification au terme des définitions classiques des espèces et des races ?
  5. Que se passera-t-il lorsque l'hybridité, qui ne manquera pas de se développer pour la perfection, la médecine ou la rentabilité des êtres, atteindra l'ADN de l'homme ?
  6. Enfin, la présence des bases naturelles "historique" sont-elles nécessaires à la duplication des nouvelles bases artificielles, ou peut-on envisager des avancées telles qu'un assemblage de bases purement artificielles soit aussi performant que celui du vivant naturel en se dupliquant et en faisant ainsi émerger des êtres nouveaux uniquement à partir de nucléotides étrangers ?
  7. Etc.

Il est trop tôt pour savoir si une telle manipulation génétique sans précédent se révélera fertile ou simplement utile à l'homme, mais il est probable que de nombreuses équipes vont dépasser ce prototype hybride et pousser encore plus loin les frontières de la biologie synthétique en ne modifiant plus seulement la Nature, mais en pouvant directement la créer.
Il est urgent de "penser" ce nouveau champs de connaissance et de production bio-nanotechnologique.
Voir un article de Futura-Sciences (ici) et un du Monde Sciences (ici).

iA -SHS : Le poids écologique de l'Internet.

Au lieu de lire ce message, pensez à l'environnement !!!

L'ADEME est l'organisme officiel français, créé en 1991, ayant pour mission la protection de l'environnement et la maîtrise de l'énergie en ce qui concerne les déchets, la pollution des sols, le transport, la qualité de l’air, le bruit, la qualité environnementale, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Pour cela, l'ADEME s'appuie sur des expertises scientifiques et techniques pour proposer des conseil et accompagner les décideurs, et pour inciter et faciliter les choix favorisant des solutions respectueuses de l'environnement et les bonnes pratiques environnementales (site officiel de l'ADEME). 
Elle édite notamment le site "Réduisons vite nos déchets, ça déborde" (ici).
Depuis quelques années, l'ADEME s'est intéressée au prix écologique des TIC. Ainsi, elle propose un dossier "écocitoyens" sur la réduction de l'impact des usages de l'Internet et des courriels (ici) ou sur celui de l'usage des téléphones portables (ici).

L'ADEME a produit, avec la société "Bio Intelligence Service" une série d'études objectives de l'impact environnemental des usages quotidiens des TIC. Ce travail avait été relayé sur ce blog (lien interne) et a fait l'objet d'une nouvelle publication de sensibilisation en février 2014 (lien ici).
En mesurant l'impact de trois usages des TIC (mail, consultation, stockage) en termes d'émission de gaz à effet de serre (en équivalent CO2), d'épuisement potentiel des métaux (en équivalent fer) et d'épuisement potentiel de ressources fossiles (en équivalent pétrole), en prenant en compte la fabrication du matériel informatique (ordinateurs, disques et data centers), son usage, et la fin de vie des équipements, l'ADEME arrive à des conclusions inquiétantes (bilan ici).
Ainsi, le prix écologique de l'envoi d'un mail à une ou plusieurs personne, avec ou sans pièce jointe, celui des clics et des consultations Web telles qu'on peut les faire sans y penser en recherche documentaire, en jeu en ligne, ou en musardant simplement sur la toile, est quantifié et montre combien des quantités effarantes de tonnes CO2 par an sont ainsi dépensées dans le monde. Le "pompon" reviendrait aux clefs USB et aux connexions entre ordinateurs et clefs USB qui dépensent une quantité surprenante d'énergie. 
Toutes proportions gardées, et selon les statistiques de l'ADEME appliquées à l'ENSC,  une diminution de 10% de courriels de 10 Mo au sein de l'école, c'est à dire pour à peu près 200 personnes, permettrait de gagner plus de 15 tonnes équivalent CO2 par an, c'est-à-dire l'équivalent d'environ trente traversées aériennes transatlantiques. 

De nombreux rapports internationaux commencent à poser très sérieusement la question de l'impact des TIC sur l'environnement. Selon certains d'entre-eux, le numérique va faire exploser la consommation d'énergie mondiale dans la prochaine décennie avec à minima 4% de cette énergie, et selon certains jusqu'au double prévu d'ici à 2020.  
Au plan mondial, le film documentaire "Internet, la pollution cachée" (à voir ici), présenté en 2013 au festival international du film scientifique Pariscience, montre comment sans qu'on le sache vraiment des millions de kilomètres de cuivre ou de fibres optiques transportent les mails, les images et les musiques vers des milliers de data centers. Il révèle la face cachée de l'industrie silencieuse de l'Internet. Ainsi, d'après les réalisateurs du film, un mail envoyé entre deux voisins immédiats parcourt-il en moyenne 15.000 km alors qu'en une heure transiteraient quelque dix milliards d’emails dans le monde, pour une consommation d'à peu près 15 centrales nucléaires. Le stockage dans les data centers nécessite des quantités colossales d'énergie de refroidissement. Et les spécialistes commencent à s'inquiéter du boum du commerce en ligne qui produit beaucoup d’octets, comme d'ailleurs la publicité ciblée à laquelle on ne prête que peu d'attention et qui pourtant vient probablement imprimer sa trace infraconsciente dans le cerveau de l'internaute.
Sans revenir sur l'utilité évidente des TIC dans la lutte contre le changement climatique (surveillance satellitaire, télémédecine, rationalisation du travail et des déplacements, etc.) telle que peuvent le montrer des études internationales (voir par exemple ici), ni sur l'intérêt dans l'éducation et pour la culture de la jeunesse et des peuples, on ne peut que prendre conscience de la trace écologique très significative d'un usage facile et non raisonné de l'Internet, du mail et du Web, en incitant chacun de nous à diminuer ses connexions, ses clics et ses envois pour le bien de la planète. Voici par exemple de quoi reposer rationnellement l'intérêt des supports et des bibliothèques traditionnelles, ou de l'écriture et de la prise de note traditionnelles, dans un contexte qui n'est pas aussi simple qu'il apparaît, ou qu'on voudrait nous le faire croire.

12 mai 2014

DIV : L'homme interfacé - Conférence de Franck Renucci.

L’homme interfacé - Conférence de Franck Renucci
14 mai 2014 - 16 heures - petit amphithéâtre de l’ENSC

Que devient la communication au moment où les contours qui définissent l'humain changent ? L'homme-interfacé est celui qui interroge sa singularité quand les frontières de l'humain s'estompent avec la technique, la nature et les animaux. De nombreux auteurs qui ont développé ces dernières années une réflexion sur l'humain, nous permettent d'interroger de façon nouvelle sa communication. La question est alors de savoir dans quelle mesure l'apparition de l'Homme-interfacé et les relations établies avec l'artificiel modifient la communication humaine et sa pensée.

Franck Renucci, chercheur en délégation à l'ISCC, est directeur honoraire de l'Institut Ingémédia (UFR en Sciences de l'Information et de la Communication, de l'Université du Sud Toulon-Var). Dans un monde où les frontières de l'humain s'estompent, il s'intéresse à la communication humaine à travers les figures du corps, de l'altérité et de la création.
Conférence de l'ENSC, de l'IMS, de la MSHA et de l'ISCC Aquitaine - Organisation : Benoît Le Blanc - Nathalie Pinède
Accès à l'information sur le site de l'ENSC - rubrique - Congrès-conférences.

11 mai 2014

DIV : L'homme et la machine - Conférence de Dominique Wolton

"L’homme et la machine" - Conférence de Dominique WOLTON
14 mai 2014 - 15 heures - petit amphithéâtre de l’ENSC

Le XXème siècle a été celui de l'information et du progrès technique. Aussi le domaine de la communication a eu tendance à s'installer dans l'idéologie de la facilitation du message : facilitation technique avec la multiplication des canaux de communication, et facilitation rhétorique avec l'apparition de professionnels de la communication. Ces deux postures sont évidemment critiquables. D'une part la multiplication des tuyaux et le monde connecté n'améliore en rien la communication entre individus ; d'autre part le décorum des messages ne change en rien la compréhension du fond d'un discours. Mais au delà de ce simple constat, il faut bien prendre conscience que ces deux simplifications ouvrent la porte à l'effacement progressif de l'homme face à la machine. Pourtant la communication n'est en rien automatisable. Elle prend racine dans la nécessaire cohabitation et l'incontournable négociation. La question est donc de savoir quelle sera au XXIème siècle la place de la communication humaine, dans un monde peuplé de machines et d'hommes..

Dominique WOLTON, sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS, est le fondateur de l’Institut des Sciences de la Communication du Centre National de la Recherche Scientifique. Spécialiste des médias, de l'espace public, de la communication politique, et des rapports entre sciences, techniques et société, il a conduit des recherches contribuant à valoriser une conception de la communication qui privilégie l'homme et la démocratie plutôt que la technique et l'économie. Il est actuellement directeur de publication de la revue Hermes et conseiller auprès du président du CNRS.


Organisation : Benoît Le Blanc - Nathalie Pinède

Entrée libre mais inscription obligatoire sur le site de l’ENSC - rubrique Congrès-Conférences