Si les sciences cognitives souhaitent légitimement tirer les profits des nouvelles techniques d'imagerie, en déduire des informations fonctionnelles sur les processus cérébraux à partir des données spatio-temporelles nécessite une prudence épistémologique qu'il convient de rappeler aux spécialistes du marteau dans la tête.
La phrénologie de Gall n'a pas seulement permis de noter la bosse des maths chez l'enfant doué et le faciès de l'homme criminel chez Lombroso, elle a également permis l'essort incontestable d'une neuropsychologie localisationniste dont Broca est la tête de liste, et sans laquelle les neurosciences de la fin du dernier siècle n'auraient peu exploser comme discipline majeure du début de celui-ci. L'imagerie fonctionnelle, dans ce néophrénologisme, souhaite fournir la carte spatiale des fonctions cérébrales et objectiver les processus psychologiques ou linguistiques comme phénomènes physiques que peut mesurer la machine la plus chère et la plus grosse qui fait la réputation de la conséquemment meilleure équipe.
Gageons que cette approche, qui ne maîtrise plus la relation de la cause à l'effet, n'épuise pas les autres approches objectivistes de la cognition, et que les neurosciences, la psychologie ou la linguistique ne se réduisent pas à l'imagerie cérébrale, point de passage obligé d'une nouvelle science orchestrée par les techniciens.
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