11 mars 2015

BIO : Et l'amour dans tout cela ?

Le "Complexe majeur d’histocompatibilité" (CMH) est un complexe génétique formé par les régions symétriques constituées par des gènes de la sixième paire de chromosomes. Il code, pour les molécules, des antigènes HLA (human leukocyte antigen). Ces antigènes sont présents dans la plupart des tissus de l'organisme et ont un rôle fondamental dans la défense immunitaire. Cette zone du génome permet donc au système immunitaire de distinguer les cellules de l’organisme des autres et d'assurer ainsi sa défense.
Spécifiques de chaque personne, le complexe représente une "carte d'identité" individuelle pour chacun de nous, parmi l'immense variété de combinaisons possibles. Nous disposons ainsi d'une forme de "personnalité immunologique" dont dépend la compatibilité des tissus (histocompatibilité) pour les greffes, mais également la résistance à différents facteurs écologiques ou épidémiologiques. Et cette résistance est donc dépendante du répertoire immunitaire le plus varié ou au contraire celui qui a fait ses preuves, ce qui permet de mieux affronter les infections.
Or on sait que cette zone de génome joue un rôle important dans le choix des partenaires sexuels chez de nombreuses espèces de vertébrés. En s’accouplant avec un partenaire ayant des gènes CMH différents des siens, l’animal s’assure que sa descendance héritera d’un répertoire immunitaire plus varié, et donc d'une meilleure résistance. de la même manière, si il choisi un partenaire dont on connait la résistance, le bénéfice est également assuré.
Une étude déja ancienne, publiée dans la revue "PloS Genetics", montre que ce complexe joue une rôle non négligeable chez l'homme dans le choix du partenaire. Une équipe du Muséum National d’Histoire Naturelle et du département de Statistique d’Oxford (Royaume-Uni), menée par Raphaëlle Chaix, ethnogénéticienne, a analysé des marqueurs génétiques et à constaté, chez des couples américains, que les conjoints appariés selon le couple partagent en moyenne moins de marqueurs génétiques CMH communs entre eux qu’avec le reste des autres personnes. On a donc une forme de comportement implicite qui semble se faire rapprocher des personnes ayant plus de différences en terme d'immunité, et qui par ce bais favorise la résistance et les chances de survie de leur descendance. de la même manière, une autre étudemenée par Martha McClintock et Carole Ober à l'Université de Chicago (ici) montre que si on le leur propose expérimentalement, les femmes ont tendance à choisir  CMH proche de l'odeur de leur ascendance.
Une telle "stratégie" biologique inconsciente pourrait dépendre d'une capacité à discriminer les odeurs associées à certains types de CMH. L'expérience du "tee-shirt mouillé" dans laquelle on demande à de personnes de choisir entre plusieurs T-shirts imbibés de sueur, permet de constater que le facteur CMH influe le choix du partenaire.
Si les facteurs culturels et sociaux sont évidemment prégnants dans le choix de partenaires sexuels, on est probablement confronté ici à des stratégies archaïques génétiquement installées à travers la lignée de mammifères, et dont les humains sont encore dotés, modulant ainsi manifestement les facteurs premiers du choix du partenaire.

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