16 mars 2011

SHS : Faut-il arrêter la survie assistée ?


Faut-il arrêter de maintenir en vie les patients en état végétatif ?

Les patients sans état de conscience sont-ils morts ou souffrent-ils ?
Les soignants accepteraient-ils de survivre dans de tels états dépassés ?
L'état végétatif est-il pire que la mort ?
etc.
Des questions fondamentales que le Journal of Neurology aborde en publiant les résultats d'une enquête d'éthique relatifs à l'état végétatif et à l'état de conscience minimale, soumise à 2 475 médecins et membres du secteur paramédical, à la suite de conférences et de congrès scientifiques et médicaux européens de 2007 à 2009.
Steven Laureys, responsable du Coma Science Group de l'Université de Liège, montre ainsi que  plus des deux tiers des professionnels interrogés jugent acceptable de stopper le traitement (nutrition et hydratation artificielles) des patients plongés dans un état végétatif chronique de plus d'un an, et seulement 28% à acceptent cette mesure lorsqu'elle s'adresse à des patients en état de conscience minimale résiduelle fluctuante, même associée à une incapacité de communiquer leurs pensées, et qui ressentent en outre la douleur physique. La première conclusion est qu'existe une distinction très nette entre état végétatif et état de conscience minimale, nécessitant de disposer de moyens nécessaires pour établir un diagnostic irréfutable. Or, les études actuelles montrent que le diagnostic clinique est probablement erroné dans plus de 30% (voire 40%) des cas. Pourtant, lorsqu'on demande aux soignants s'ils souhaiteraient, eux, être maintenus artificiellement en vie, seuls 18% d'entre eux l'accepteraient s’ils étaient en état végétatif et 33% pour l’état de conscience minimale chronique.
Une telle discordance statistique pourrait trouver son explication dans l'irréversibilité de la mort et, également, par crainte de poursuites judiciaires des familles. Comment alors tolérer du corps médical des orientations ou des décisions qu'il ne s'appliquerait pas à lui-même ? Est-il moral ou éthique de ne pas donner à ses patients ce dont on aimerait bénéficier ? L'éthique médicale n'est-elle pas là impactée de plein fouet ?
L’enquête montre également que les pays méridionaux sont beaucoup plus réticents que les nordiques à l'arrêt des traitements, les convictions religieuses apparaissant ici expliquer cette distinction géographique. De même, on observe une différence entre hommes et femmes, les premiers étant plus favorables à l'arrêt des traitements, comme d'ailleurs le sont plus les jeunes par rapports aux soignants d'un certain âge. Enfin, 80% des personnes jugent que l'état végétatif est pire que la mort pour la famille du patient, et 55% pour le patient lui-même.
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