La dernière note d'information du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (ministère de tutelle des universités, des établissements de recherche publique tels que le CNRS, et de la Commission des titres d'ingénieur, instance d'habilitation des écoles d'ingénieurs privées comme publiques de tous les ministères) fait le point sur les "chercheurs en entreprise".
Basée sur l'étude des grands indicateurs du Bureau des études statistiques du Ministère, cette publication montre la forte progression de la recherche & développement dans l'entreprise. Cette enquête balaie certaines idées et rétablit quelques réalités marquantes dans la marche vers l’objectif de Lisbonne de 2005 : 3 % du PIB investis dans la recherche & développement, dont les deux tiers financés par les entreprises (ref).
En premier, l'importance majeure de la recherche en entreprise : en 2007, elle représente au moins la moitié du personnel de la recherche en France. L'ensemble des effectifs des établissements publics de recherche est donc probablement aujourd'hui largement minoritaire.
Les chercheurs, qui sont définis comme "scientifiques et ingénieurs travaillant à la conception ou à la création de connaissances, de produits, de procédés, de méthodes ou de systèmes nouveaux", auxquels s'ajoutent évidemment ceux qui assument les "responsabilités d’animation des équipes de chercheurs", sont pour plus de 50% issus des écoles d'ingénieurs ; ce qui revient à dire que les écoles d'ingénieurs forment plus d'un quart des chercheurs du pays. La formation doctorale, bien qu'en progression, reste confidentielle en entreprise (environ 10%, sauf pharmacie) pour une catégorie de personnels principalement jeunes : plus de la moitié a moins de 40 ans, et même moins encore dans les secteurs des services d’ingénierie, d'informatique, ou manufacturier du verre (moins de 35 ans). Plus de la moitié des chercheurs concernés est originaire de l'Union européenne, un cinquième de l'Afrique et un dixième de l'Asie.
La note distingue trois catégories de chercheurs en entreprise. Ceux affectés à la recherche fondamentale pour "l’analyse des propriétés, des structures, des phénomènes physiques et naturels, en vue d’organiser en lois générales, au moyen de schémas explicatifs et de théories interprétatives, les faits dégagés de cette analyse". La recherche appliquée vise quant à elle "à discerner les applications possibles des résultats d’une recherche fondamentale ou à trouver des solutions nouvelles". Le développement expérimental "effectué au moyen de prototypes ou d’installations pilotes", pour "la production de nouveaux matériaux, dispositifs, produits, procédés, systèmes, services", ou en vue d'amélioration, est le domaine le plus important. C'est dans les deux derniers domaines que se concentrent la grande majorité des chercheurs, la recherche fondamentale étant principalement effectuée par le public.
Six secteurs de recherche emploient près des deux tiers de ces chercheurs, en produisant 63% des dépenses intérieures de recherche des entreprises. Les secteurs concernés sont par ordre de grandeur ceux de l'électronique, de l'informatique et de l'automobile, chacun pour plus de 10% ; ceux de l'aéronautique, l'instrumentation de mesure et radio-détection, et la pharmacie représentent chacun plus de 8%. Viennent ensuite celui des machines et équipements de chimie pour 5%, puis ceux des machines et appareils électriques, des services d’ingénierie, des services de transport et communication, ou de l'énergie, ce dernier secteur étant proche des 3%.
Les femmes ne sont qu'un cinquième de l'effectif, et ceci de manière stable depuis dix ans. Elles sont majoritairement plus jeunes que les hommes, et travaillent pour un quart d’entre elles dans le secteur pharmaceutique, avec une grande proportion de docteurs. Hors pharmacie, la recherche en entreprise est donc principalement effectuée par des ingénieurs hommes dont les carrières évoluent rapidement vers d'autres responsabilités.
En effet, autre fait marquant, la recherche en entreprise n'est pas une activité de carrière comme c'est le cas dans le public, mais plus un passage pour des jeunes ingénieurs et diplômés. Ils représentent plus de 8% des cadres avant 40 ans, et seulement moins de 5% après 45 ans. Cette tendance est pourtant moins marquée dans les grandes entreprises de plus en plus investies dans la recherche amont, et où les profils de carrière ressemblent de plus en plus à ceux du public.
Une série de pierres, donc, dans le jardin des ces derniers, qui imaginent trop souvent être les seuls détenteurs de l'avenir de la recherche française, et beaucoup d'espoir pour nos ingénieurs diplômés, sur lesquels reposent de plus en plus le futur de la R&D pour des carrières de plus en plus attractives.
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