C'est la question qui hante les cliniciens et les proches des patients comateux : existe-t-il une conscience ches les patients plongés dans des états végétatifs chroniques (EVC) ?
Campons le tableau. Un sujet est alité, immobile, sans mouvement volontaire, sans réponse aux stimulations extérieures. Peut-il nous entendre, peut-il penser alors que toute communication vers l'extérieur lui est impossible ? Cette absence totale de réponse volontaire et reproductible au Monde est-elle le signe d'une absence de vie intérieure cognitive et affective ?
La neurologie l'affirmait jusqu'ici. Mais le 3 février 2010, une équipe belge et britanique publiait sur le site du New England Journal of Medicine, une recherche montrant que, parmi 21 patients en EVC, l’IRM fonctionnelle avait mis en évidence chez 4 d'entre eux une activité cérébrale structurée. Il y avait donc une conscience élaborée en dehors de tout signe extérieur, et la pensée est dissociée de la capacité comportementale. Cette découverte remettait alors en cause la définition clinique des états végétatifs chroniques et posait la question de l'attitude clinique et legale (definition de la mort) en preconisant la recherche systématique d’un tel état de conscience chez les sujets en EVC.
Cependant, tant pour des raisons économiques que d'accès aux dispositifs de détection, et que pour des raisons d'incomatibilité clinique (métal intra corporel par exemple), il est difficile de tester en IRM fonctionnelle tous ces patients. La même équipe vient de décrire dans le Lancet du 10 novembre 2011 une nouvelle méthode ambulatoire basée sur l'EEG (électro-encéphalographie) de détection d’une réponse cérébrale adaptée et hors motricité à des commandes verbales simples.
Les auteurs ont proposé à 16 patients en EVC (contre 12 témoins sains) un protocole demandant de répondre à des ordres simples tels que bouger la main et un orteil. Dans 3 cas et alors que le dossières l'examen cliniques ne permettaient pas de différencier les patients ou de prévoir des états de conscience, les sujets ont pu produire des répondes EEG différentiées.
Outre la confirmation des résultats IRMf par l'EEG, l'etude permet d'envisager de tester facilement tous les patients et ainsi de modifier la prise en charge des patients "conscients" et surtout d'envisager des dispositifs électroniques permettant d'établir une communication avec çes patients, en court-circuitant la motricité volontaire.
Voilà probablement du travail pour les cogniticiens et les spécialistes de l'IMS.
La question reste de savoir comment aborder le cas des patients qui ne seront pas positifs au test, car rien ne on permet de penser qu'ils ne sont pas conscients, comme rien ne nous le permettait il y a quelques temps à propos des patients concernés par cette étude, et que pourtant la neurologie considéraient comme en état désespéré. La technologie électronique ne permet que de repousser la frontière clinique, elle ne modifie pas la réalité de l'emmurement? Mais elle permet d'augmenter l'homme contraint, au delà de son incapacité comportementale "totale".
Cruse, D, et la. (2011) Bedside detection of awareness in the vegetative state : a cohort study. Lancet, mise en ligne le 10 novembre 2011 (DOI:10.1016/S0140-6736(11)61224-5).
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