21 mai 2012

DIV : Et le mètre ne fait pas un mètre !

C'est en 1792 que deux astronomes français, Jean-Baptiste Delambre et Pierre Méchain, furent chargés par la Convention de mesurer la taille de la Terre afin de donner à l'Humanité les bases d'une mesure universelle des distances et des longueurs. La mission était de mesurer précisément la partie du méridien de Paris entre Dunkerque et Barcelone, de déterminer les latitudes des deux villes, d'en déduire la circonférence de la Terre, et d'en proposer une fraction simple (on adopta un dix millionième de la distance entre le Pôle Nord et l’Equateur, soit un quarante millionnième de la circonférence - mesure qui s'approche d'ailleurs le plus de la dimension du bras ou du pas de l'homme). Il fallait à la fois simplifier les systèmes divers et variés de mesure (il existait plus de deux cent mille unités de poids et de longueur : le pied, le bras, le point, le pouce, la coudée, l'empan, la ligne, la perche, , l'arpent, la lieue, etc. qui variaient d'une province à une autre, voire d'une ville à l'autre). Conscient de leurs approximations, et pour l'un d'eux de ses erreurs, les scientifiques adoptèrent une mesure approchée, grâce à la nouvelle méthode des moindres carrés développée par Legendre et Gauss, à partir de la plus grande mesure du méridien obtenue par extrapolation de l'arc mesuré. Cette décision fit l'objet de l'organisation de la première réunion scientifique internationale, avec des grands noms tels que Laplace, Legendre ou Lagrange, et un mètre-étalon en platine fut alors fabriqué pour servir de référence pour un système de mesure universel. On s'aperçut vite que le mètre étalon ne correspondait pas exactement à la mesure théorique, d'autant que la Terre n'étant pas sphérique, la mesure est relative à la longitude. Pourtant on concevra la mesure qui, pour s'affranchir des variations de longueur du métal, fut définie à partir de données cosmologiques jugées universelles et définitives, comme « la distance parcourue par la lumière dans le vide pendant une durée de temps de 1/299 792 456ième de seconde, elle même définie à partir des propriétés du césium). Le mètre officiel est donc plus court de 0.2 millimètre que le dix millionième d’un quart de méridien théorique moyen, dont on ne connait que la longueur approchée ... Voir ici une histoire du mètre (lien). Un ouvrage de Ken Alder "Mesurer le Monde" (prologue).

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