C'est en avril 2015 que des scientifiques chinois avaient publiés des travaux à (ici) visée clinique portant sur la manipulation d'embryons humains. Les chercheurs chinois n'étaient pas soumis au contrôle éthique de tels travaux consistant à manipuler le génome, alors que le résultat de ces manipulations était transmissibles de génération en génération. La frontière était franchie entre des modifications locales qui ne modifient pas réellement les gamètes et les modifications structurelles de l'ADN générant des êtres artificiellement manipulés. Les scientifiques avaient d'ailleurs rencontré d'énormes difficultés à publier leurs travaux à cause, justement, du manque de contrôle éthique de leur recherche.
Le Royaume Uni vient aujourd'hui d'autoriser officiellement (voir ici) ce type de manipulations. L'objectif n'est pas thérapeutique : il consiste à mieux comprendre la génétique du développement humain. les scientifiques de l'Institut Francis Crick de Londres sont désormais autorisés par la HFEA (Human fertility and embryology authority) à procéder à des modifications génétiques majeures sur des embryons humains.
Une équipe dirigée par Kathy Niakan procédera à ces modifications sur des embryons qui devront être systématiquement détruits au bout de sept jours. Il n'est pas aujourd'hui question de les laisser vivre ou même de les implanter chez des femmes, mais uniquement de comprendre pourquoi et comment un embryon se développe précocément in utero. Le but avoué est de permettre à terme des meilleurs taux de réussite des fécondations in vitro. Ne doutons pas que d'autres retombées scientifiques ou biotechnologies seront au rendez-vous, permettant à d'autres équipes dans d'autres lieux de poursuivre au delà ce type de manipulations. Ces recherches utilisent la technique d'édition du génome CRISPR/Cas9 qui offre aujourd'hui les moyens de modifier le code génétique facilement, rapidement et à moindre coût.
Selon le magazine Nature, outre l'équipe britannique, d'autres équipes mondiales travailleraient sur des embryons humains, certaines en dehors de tout contrôle, alors qu'un débat international s'est ouvert chez les spécialistes du génome avec la même crainte que l'on "fabrique" des êtres modifiés, "sur mesure", à des fins de clinique préventive ou, pour les plus pessimistes, a des fins d'exploitation de qualités ou d'éléments humains en dehors du statut d'humanité.
Voir l'article fondamental sur : "Where in the world could the first CRISPR baby be born?" par Heidi Ledford (Science : 13 Octobre 2015) (ici).
Et sur le CRISPR : "The good, the bad and the unknown", numéro special de Nature (ici).
Voir aussi : Diffley, JFX (2016) On the road to replication. EMBO Molecular Medicine (résumé ici).
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