Ca y est ... depuis le temps qu'on l'annonçait, la technologie s'invite dans le débat "Ferry-médecins". La convergence est à l'oeuvre et les nano-robots en sont l'exemple de celle du N (pour nano-technology) et du B (bio-technologie) de NBIC.
On savait déplacer des nanobrouettes sur des fils d'ARN, tourner des nanotoupies, lâcher des nano-araignée sur des surfaces biologiques, tout cela à des dimensions de plus en plus proches du nanomètre.
Des équipes de nanorobotique de Corée du Sud, de Suisse et des Etats-Unis (Université de Drexel - lien) ont annoncé, dans le Journal of Nanoparticle Research, la mise au point de minuscules robots nageurs injectables qui imitent, en forme et en mouvement, la bactérie "Borrelia burgdorferi" responsable de la maladie de Lyme.
Le "bacteria powered microrobot" (BPM) est constitué de trois à quatre perles d’oxyde de fer, liées entre elles par des liaisons chimiques et une force magnétique.
Ces BPM sont des systèmes hybrides constitués d'une microstructure SU-8 avec des surfaces actives issus de bactéries, dont les flagelles agissent comme des moteurs biomoléculaires collaboratifs. Leur taille est de quelques nanomètres, et permet l'introduction facile des nanobiorobots dans le système vasculaire où ils peuvent y circuler aisément, en étant guidés par des champs magnétiques externes (lien).
La forme et le mouvement bio-inspirés permettent un déplacement en vrille, réalisant de véritables . « microswimmers » ajustages en taille. Les billes sont inorganiques et biodégradables, empêchant ainsi des réponses immunitaires, et permettant la désobstruction artérielle. Les microswimmers injectés au loin par cathéter pourront ainsi cheminer vers la zone à traiter et y administrer localement et très précisément des anticoagulants nécessaires à sa désobstruction. La technologie a pour vocation de remplacer ainsi les actuels stents et l'angioplastie.
Les NBIC font peur, mais elles sont là ; elles entrent dans le corps humain et vont l'envahir pour son bien, sa santé, son confort, et ... peut-être son aliénation. Ce que le débat "Ferry-médecins" n'a pas directement abordé, c'est le domaine de l'éthique de ces néo-technologies : un espace de réflexion étonnamment vide. La technologie avance, elle ne peut être arrêtée, ni par les lois, les règlements ou les frontières. Demain, les nano-robots vont transporter des cellules souches, déboucher des artères, déposer des substances là où elles sont actives ... l'imagination n'a plus de limites : celle-là vient de tomber, les autres vont suivre. Les médecins doivent absolument s'intéresser aux NBIC.
Voir :
(1) "Bacterial microfluidics" de MinJun Kim professeur à l’université de Drexel, qui coordonne ces travaux.
(2) H. Kim, Min Jun Kim, “Electric field control of bacteria-powered microrobots (BPMs) using static obstacle avoidance algorithm”, IEEE Trans. Robot., in press, 2016. [PDF]
(3) Le film : [ici].
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