08 mars 2011

IA : IBM passe la frontière de la cognition ouverte.

"Watson" est un superordinateur de la firme IBM. Il associe la puissance matérielle (quantitative) à la puissance logicielle (qualitative).
Au  plan matériel, Watson dispose d'un système d'exploitation GNU-Linux, composé de 10 racks contenant chacun 9 serveurs Power 750 montés en réseau.  Chaque serveur possède 32 coeurs qui peuvent gérer un total de 128 tâches en parallèle. "Watson", qui compte donc au total 2 880 coeurs pouvant effectuer 11 520 tâches en parallèle, possède une mémoire vive de 15 000 Go (gigaoctets) et une puissance totale de 80 Tflop (téraflops). À titre comparatif, Deep-Blue, vainqueur en 1966 de Kasparov aux échecs, (n')avait (qu')une puissance totale de 1 Tflop.
Au plan logiciel, les chercheurs de IBM ont développé la suite logicielle "IBM DeepQA" capable d’analyser le langage et les connaissances humaines dans des contexte ambigu et de développer ses connaissance par apprentissage. 
"Watson" vient de gagner très facilement, le 16 février 2011 à Cluster-City (Californie), la finale du jeu télévisé "Jeopardy", jeu très populaire aux USA, qui consiste à trouver une question à partir d'une réponse, constituée de mots clés et d'indices délivrés par un présentateur. Ce jeu existe depuis 1964 et fait appel aux connaissances des joueurs dans de multiples domaines (histoire, géographie, politique, art, littérature, technologie, sport, etc.). L'ordinateur s'est qualifié en gagnant 77147$ contre les deux autres finalistes Ken Jennings et Brad Rutter (lien Jeopardy), qui comptaient chacun plus de 100 victoires, et qui se sont respectivement qualifiés pour seulement 24000 et 21600$.
Selon les chercheurs, c'est la capacité de "Watson" après un entraînement intensif à maîtriser les finesses des association et de la compréhension des mots et des concepts dans un contexte sémantique changeant et subtil, qui a permis à "Watson" de gagner sur ses concurrents humains. Il sait analyser les questions, les contextualiser, maîtriser son immense base de données sans s'y noyer, rassembler des indices, les étudier, les classer et ordonner les propositions qui ont le plus de chances d'être les bonnes.
Le fait qu'une machine ait vaincu les meilleurs candidats humains à un jeu ouvert, au contraire des échecs qui sont circonscrits à une série finie de solutions potentielles, est une première manifestation d'une cognition artificielle. Les applications sont évidemment immenses en matière d'utilisation et d'exploitation des bases de données ouvertes telles que le Web.
On attend évidemment la généralisation de tels outils logiciels sur des machines de plus en plus puissantes, afin d'attendre des niveaux d'analyse et de synthèse que seuls les superordinateurs de prochaine génération pourront mener à bien, dépassant les simples capacités naturelles des humains pour les tâches de connaissance et d'aide à la décision en situation ambigüe, et pour le développement du progrès social et scientifique des prochaines années. 
Reste à l'homme à apprendre à vivre avec des machines plus performantes que lui sur le plan cognitif, changeant le mode des relations anthropotechniques dans ce domaine, comme cela a été le cas avec l'industrialisation robotisée dans le siècle dernier. En retour, ces progrès permettent d'espérer mieux comprendre le mode naturel de pensée en testant les hypothèses reposant sur les différents modèles de la psychologie ou des neurosciences, que celles-ci soient cognitivistes, connexionnistes ou composées. 

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