Le terme de placebo (du latin : je plairai) a été introduit dans le langage médical en 1955 par Henry Beecher. Il a révolutionné la conception de l'action psychologique bénéfique des traitements médicamenteux en prenant en compte la dimension subjective de l'action pharmacologique des substances et de leur mode de prescription. Le terme nocebo (du latin : je nuirai) a lui été proposé sur le même mode en 1961 par Walter Kennedy, en évoquant les dimensions nocives que peut prendre une substance, sans raisons objectives, y compris une substance totalement neutre.
Selon Patrick Lemaire, "il s’agit d’un placebo à l'envers". Le nocebo peut provoquer des effets secondaires tels que des vertiges ou des maux de tête, des diarrhées, des allergies, des douleurs articulaires, menstruelles, etc. On peut même observer des effets d'intoxication et même des effets d'accoutumance avec des personnes devenant dépendantes d'un produit totalement neutre.
L’effet nocebo consiste en un effet négatif qui va réduire, modifier ou même annuler les effets pharmacologiques d’une substance. Comme pour l’effet placebo, il n’est pas lié au médicament mais à l’attente du patient et même de celle du médecin vis-à-vis du traitement prescrit.
Au delà de l'effet patient, et de même que l’effet placebo est influencé par une relation thérapeutique positive, on peut supposer que l’effet nocebo est lié à une relation négative entre médecin et patient, entre médicament et patient ou même entre médicament et médecin, avec l'instauration d'un doute ou d'une croyance partagée quant à l’efficacité relative du traitement ou à ses effets secondaires.
Des expérimentations ont montrée que faire tester un produit neutre, sans préciser de quoi il s’agit,ni quels effets il peut produire, entrainerait des symptômes dans plus de 80 % des cas, et cela d'autant plus que le niveau d'anxiété du patient est important ou qu'un discours négatif est porté sur le produit.
On a pu montrer que ces variables influencent le taux de cholécystokinine, hormone impliquée dans la perception de la douleur, et qu'un traitement pour la prostate provoque l’impuissance chez ⅓ des hommes alors que dans 10 % des cas si l'on informe pas le patient de ces risques potentiels.
Chez des parkinsoniens implantés dont les tremblements cessent par stimulation d'une électrode, d’électrodes dans le cerveau, des troubles moteurs réapparaissent quand on leur dit que l'électrode ne fonctionne plus alors quelle est toujours en service.
Si l'effet nocebo est maintenant connu, il reste peu étudié et jouit encore d'une réputation de simple hypothèse, et rencontre les contraintes éthiques qui interdisent ou restreignent les possibilités de le tester.
On sait aujourd'hui que l’effet placebo favorise la sécrétion de substances thérapeutiques, anti-inflammatoires, antinicotiniques, antidépresseurs, antibiotiques, ou même des amphétamines en endorphines. On peut donc supposer qu'en effet contraire, le nocébo entraine la sécrétions de substances liés au stress impliquées dans les régulations noradrénergique ou du cortisol, avec le cortèges des signes « nocebologiques » associés tels que tachycardie, hypertension, troubles du sommeil, etc.
Beecher, H.K. (1955). The powerful placebo. Journal of American Medicine Association, 159, 1602-6.
Keller, P. (2008). "La question psychosomatique". Paris : Dunod
Kennedy, W.P. (1961). The nocebo reaction. International Journal of Experimental Medicine, 95, 203-5.
Lemoine, P. (1996). "Mystère du placebo". Paris : Odile Jacob.
Lemoine, P. (2010). "Effet nocebo, comment les médias jouent avec notre santé". Paris : Stock.
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